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Hibernation ou hivernation ? Comment survivre à l'hiver ?

30 novembre 2022

Blogue - Article scientifique - Hibernation ou hivernation ?

Pour survivre à l’hiver glacial, plusieurs techniques peuvent être envisagées par les animaux. Parmi celles-ci, l’hibernation et l’hivernation sont couramment utilisées. Ces deux mots ne diffèrent que par une lettre. Toutefois, est-ce la seule différence qui existe entre l’un et l’autre ?

Définition hibernation : « Ensemble de phénomènes provoqués chez les êtres vivants par l’arrivée de la saison froide […] et qui leur permettent d’y faire face en dépit de la rareté de l’eau et/ou des aliments. » - Larousse

Définition hivernation : « Passer l’hiver à l’abri, dans un lieu quelconque » - Larousse

Difficile de distinguer l’un de l’autre avec ces simples définitions, n’est-ce pas ? Penchons-nous sur les différents processus qui sont affectés par l’hibernation et l’hivernation.

 

Hibernation

L’un des principaux avantages de l’hibernation est de ne pas avoir à trouver de nourriture. Celle-ci étant déjà très rare lorsque les températures se situent sous la barre des zéros. C’est d’ailleurs l’une des raisons ayant favorisé l’évolution de l’hibernation chez les espèces passant l’hiver au froid. Ce faisant, les animaux hibernants profitent de l’automne pour manger plus que de raison afin de faire des réserves de graisse qui seront utilisées pendant l’hibernation. Ce sont ces réserves qui maintiendront le métabolisme actif, bien que très diminué.

Avec l’arrivée des intempéries et des températures glaciales, l’animal hibernant se trouvera un terrier, aussi appelé hibernaculum, où il passera l’hiver. Il se positionnera de façon à maximiser la conservation de sa chaleur corporelle et plongera peu à peu dans cet état léthargique qu’est l’hibernation.

Métabolisme

L’un des éléments à comprendre lorsqu’on parle de résistance à l’hiver est principalement l’économie d’énergie par une diminution du métabolisme.

« [Le métabolisme est un] ensemble de processus complexes et incessants de transformation de matière et d’énergie par la cellule ou l’organisme, […]. »

Ainsi, les animaux hibernants conservent l’essentiel de leur énergie pour se maintenir en vie. Des procédés considérés comme « superflus » sont mis de côté. Par exemple, lorsqu’un animal hiberne, c’est près de 98% de son métabolisme qui est diminué voire arrêter le temps de la saison froide. Ainsi, les fonctions vitales sont ralenties au strict minimum. Les battements de cœur peuvent diminuer à une fréquence de 3 battements la minute et la respiration correspond à un cycle respiratoire (inspiration/expiration) entrecoupé de longues périodes d’apnée pouvant atteindre plus d’une heure.
 

Température corporelle

Un élément demandant énormément d’énergie est bien sûr le maintien d’une température corporelle constante. C’est pourquoi, les animaux hibernants procèdent à une diminution fortement marquée de leur température corporelle. Celle-ci peut même s’approcher de 0 degré. Dans ce contexte précis d’hibernation, on dit que l’animal atteint une hypothermie régulée d’une durée de plusieurs jours ou semaines. On qualifie cette hypothermie de « régulée », car il existe tout de même une forme de régulation orchestrée par le métabolisme.
 

État de vigilance

Pendant l’hibernation, seulement quelques régions du cerveau demeurent actives principalement celles régulant les actions vitales comme le battement du cœur et la respiration. Les animaux hibernants sont donc plongés dans une léthargie avancée durant toute la saison froide. Ainsi, un animal qui hiberne ne perçoit en aucun cas les stimuli provenant de l’extérieur. Bruit, odeur ou toute autre distraction ne suffit pas à les ramener à un état de conscience leur permettant de répondre à une situation de danger. Ces animaux, s’ils ne sont pas bien isolés dans leur hibernaculum, sont donc davantage exposés à la prédation.  

Au Québec, plusieurs animaux utilisent l’hibernation pour contrer la rudesse de l’hiver. Par exemple, les marmottes, les tamia rayés, les reptiles et amphibiens ainsi que les insectes.

 

Hivernation

Quelques ressemblances persistent entre l’hibernation et l’hivernation. L’animal hivernant procède également à une augmentation de son alimentation durant l’automne. Il doit aussi constituer des réserves de graisse pour l’aider à passer à travers l’hiver. De plus, il se trouvera un endroit où s’abriter des intempéries de la saison froide comme, par exemple, un terrier. Les ressemblances s’arrêtent ici.

Chez l’hivernant, le poil subira une modification. Lors d’une mue, le nouveau poil sera plus épais afin d’aider l’animal à conserver un maximum de chaleur. Celui-ci pourrait également prendre une couleur totalement différente pour l’aider à se camoufler lors de ses sorties occasionnelles dans la neige

Métabolisme

Chez l’animal hivernant, le métabolisme est légèrement diminué afin de réduire les dépenses énergétiques. Toutefois, rien n’est aussi flagrant que pour les animaux hibernants. En effet, le rythme cardiaque de l’animal qui hiverne se ralentit de quelques battements par minute seulement. Il n’y a pas de changements connus au niveau du cycle respiratoire. Ainsi, aucune interruption flagrante des activités physiologiques ou métaboliques de l’animal n’est détectée.

Température corporelle

Pendant l’hivernation, on parle d’hypothermie modérée. Cela consiste en une légère baisse de la température corporelle qui restera relativement stable tout au long de l’hiver. Le fait de diminuer, même aussi peu, la température du corps permet à l’animal une certaine économie d’énergie.

État de vigilance

Le cerveau des animaux hivernants reste actif tout au long de la saison hivernale. Il n’y a donc pas d’état léthargique. Ainsi, si un danger survient à proximité, l’animal qui hiverne est en mesure de réagir rapidement afin de rester en vie. L’hivernation correspond donc à un sommeil léger ponctué de périodes d’éveil.

Certains hivernants vont même jusqu’à faire des sorties hors de leur terrier à quelques reprises durant l’hiver. D’autres en profitent pour mettre bas et allaiter. C’est d’ailleurs le cas de l’ours qui a longtemps été considéré comme un animal qui hiberne. D’autres animaux comme les ratons-laveurs et les moufettes, par exemple, optent pour l’hivernation comme technique de survie à l’hiver.

En résumé, de nombreux facteurs différencient l'hibernation de l'hivernation et chaque espèce a évolué vers la technique la plus efficace pour sa survie.

 

Joanie Asselin, M. Sc.

Joanie Asselin, M. Sc.

Propriétaire et biologiste, M.Sc.

Sanctuaire Éducazoo Inc.

Roxanne Brunelle, B. Sc.

Roxanne Brunelle, B. Sc.

Directrice scientifique et biologiste, B. Sc.

Sanctuaire Éducazoo Inc.